Il s’appelle comme moi, il avance tout seul, on le manœuvre avec les pieds et pourtant il n’a pas de pédales: bienvenue au plus fou des vélos

Le Klement à Stromovka Park

L’essai d’un… vélo? Sur autofocus.news? Pour étrange que cela puisse paraître, il y a une bonne raison à ça. Non, deux en fait. La première, c’est que ce vélo… n’en est pas un! Enfin, pas tout à fait. La seconde, c’est que c’est, en quelque sorte, un «auto» test, puisque cet engin s’appelle comme moi. Difficile, du coup, de faire croire à l’«objectivité», même partiellement totale, d’un reportage sur une nouvelle forme inédite de mobilité insolite et grandiose. On s’explique…

Plutôt original d’être invité à Prague par Škoda pour aller y essayer le Klement: un engin révolutionnaire avec un look de vélo, mais sans pédales, mais qui avance très vite… Un étrange objet roulant que la marque de Mlada Boleslav avait présenté, en avant-première, au dernier Salon de Genève.

Le Klement au Salon de Genève 2019

Un engin qui fait partie des concepts de «micromobilité» que la constructeur tchèque développe, histoire de compléter son offre de véhicules classiques, pour imaginer la mobilité de demain et, par exemple, désengorger les centres-ville. Tout habitant de Prague vous dira à quel point cette thématique peut s’avérer intéressante, si ce n’est vitale…

Il s’appelle vraiment comme moi, enfin, presque…

Nous voici donc à Prague, plus précisément au cœur de Stromovka Park – le Central Park de la capitale tchèque – pour y essayer le Clément, euh… pardon, le Klement. Avec un K. Comme dans Klement, de Václav Klement qui, avec Václav Laurin, fut le père fondateur de la marque Škoda qui, à la base fabriquait des… vélos. Bien! Il y en a trois qui suivent.

Nous voici donc réunis pour essayer Klement, un vélo révolutionnaire. Vélo? Vraiment? En se fiant à la forme du cadre, aux deux roues, à la selle et, plus globalement, au look du bidule, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Et de se dire que la boucle et ainsi bouclée: après avoir fabriqué des vélos, puis des camions, puis des voitures, puis des voitures avec des noms tchèques, puis des Yéti, puis des voitures avec des noms inuit, Škoda était revenu à ses première amours et se lançait à nouveau dans la petite reine. Et ç’aurait été bien. Et logique, Et apaisant.

Des pédales «pour rire»

Encore aurait-il fallu trouver… les pédales. Car, ô stupeur et néanmoins étonnement: le Klement en est totalement dépourvu! En lieu et place, au bout d’un support qui descend du cadre vers la route, on trouve deux étranges plateaux en lieu et place de pédales classiques. Ou pas. C’est dans ce détail, clignotant en bleu en plus, que réside tout le génie de ce «vélo» qui n’en est pas un.

Vous connaissez le slogan de Škoda: simply clever. Et qu’y aurait-il de plus intelligent qu’un vélo sur lequel il n’y aurait pas besoin de pédaler? C’est fatiguant de pédaler. C’est dur de pédaler. Avouez que vous avez toutes et tous, un jour, dans une montée en plein soleil, rêvé de pouvoir ne faire du vélo… qu’à la descente. Voilà très exactement ce que Klement vous offre: les joies du vélo, sans les inconvénients. Pour ce faire, les futés ingénieurs tchèques ont enfermé, une nuit, un vélo et un Segway dans un container. Ils ont ensuite éteint la lumière, diffusé de la musique douce dans les haut-parleurs et laissé opérer le charme. C’est du moins ce que dit la légende. Klement était né. Un vélo sur lequel on ne pédale plus, mais sur lequel on incline les repose-pied vers l’avant pour avancer et, corollaire, vers l’arrière pour freiner. Exactement comme sur un Segway.

Oh les belles bleues…

Pour faire plus joli – et nettement plus high-tech – les ingénieurs ont rajouté des artifices cosmétiques. À l’arrêt, par exemple, les «pédales» clignotent en bleu, comme pour vous inviter à les titiller. Si vous pressez vers l’avant, elles passent au vert. Et si vous les inclinez vers l’arrière, elles clignotent en rouge, tandis qu’un longue ligne LED rouge s’allume, dans le bras arrière du cadre, servant de gigantesque «feu stop» pour indiquer aux autres que vous freinez. Aux deux extrémités du guidon, des lampes clignotent en orange, quand vous actionnez l’indicateur de direction, tandis que le repose-pieds du côté concerné se met lui aussi à clignoter en orange, vous offrant une visibilité parfaite lors des changements de direction.

Et comme Klement est à la pointe de la technologie, il dispose également d’un puissant phare LED au centre du guidon et d’un – pour l’instant plutôt discret – klaxon électrique. Sans oublier un support pour smartphone permettant non seulement la recharge de celui-ci par induction mais également son couplage avec le système d’exploitation de l’engin, ce qui permet d’utiliser l’écran du smartphone pour afficher l’état de charge des batterie, la vitesse, l’autonomie restante ou l’intensité de l’accélération ou du freinage.

Dessus? Vraiment?

Maintenant que vous avez fait plus ample connaissance avec l’objet, il est temps de vous parler des impressions de conduite. On vous avouera qu’au début on s’est senti moyennement en confiance en se hissant sur la selle. Non pas qu’elle ne soit pas confortable – encore que… – mais bien parce que, vue d’ici, la descente par laquelle débutait le parcours de test avait soudain l’air un peu plus raide. Surtout vu l’absence totale de levier de frein sur le guidon. Pardon? Ah… Ben oui… Forcément… On avait failli oublier: pour freiner, incliner les repose-pied vers l’arrière… 3-2-1: banzaï! Stromovka, nous voilà!

Un Clément sur un Klement: trop bien!

De fait, après 14 secondes 3 dixièmes, on n’a plus réfléchi à rien! Comparable à celui d’un vélo classique, l’équilibre ne posait pas le moindre problème. Et, sans rire, il ne nous a pas fallu plus de temps pour assimiler, presque «instinctivement», le contrôle de la motricité via l’inclinaison des chevilles. Accélération, course libre, réaccélération, freinage: fa-cile! Enfantin même. Et quel plaisir! Faire du vélo sans une once d’effort, glisser, cheveux au vent, sans avoir rien d’autre à faire que d’appuyer sur le champignon: trop bien! Ce qui nous a surpris, en revanche, c’est le potentiel de l’engin! La puissance d’accélération, la stabilité, la vitesse de pointe, la qualité du freinage et la maniabilité bluffante de ce bidule quand même assez imposant. Le secret? L’excellent équilibre de l’ensemble, la rigidité du cadre, la largeur du guidon et la position générale assurant un bon centre de gravité.

Premier ride: ça s’arrose!

La bonne nouvelle? Cet engin garantit une mobilité douce, des sensations fun et fait se retourner toutes les têtes sur son passage. La mauvaise? Les ingénieurs ont beau croire à leur produit, les dirigeants se tâtent, hésitent, supputent, calculent… L’accueil au Salon de Genève a été probant, les sessions d’essai à Prague concluantes et les journalistes insistants: il faut lancer Klement en production. Seulement voilà: à Mlada Boleslav, on se demande si, finalement, un vélo sans pédales est vraiment indiqué. S’il ne risque pas de faire peur aux gens. Si on ne ferait pas mieux de remplacer les plateaux par des pédales bref: s’il ne vaudrait pas mieux en faire un engin plus classique. La réponse, évidemment, est NON! Faites-le comme ça, ne changez rien!

Comment ça se dit, déjà, «ne changez rien» , en tchèque?