Avec l’arrivée des nouvelles méthodes de calcul des émissions WLTP, les hybrides rechargeables européens font grise mine
Naïvement, on pensait que les hybrides «plug-in», c’est-à-dire les véhicules équipés d’une plus grosse batterie que les hybrides «normaux» que l’on pouvait recharger pour en augmenter l’autonomie en mode 100% électrique, étaient une sorte de panacée. Des engins alliant le confort d’un hybride (sur lequel l’utilisateur n’a rien à faire, puisque l’auto gère automatiquement l’utilisation du moteur thermique ou/et électrique en fonction de circonstances et se «recharge toute seule» à chaque freinage ou décélération) et l’aspect positif de pouvoir rouler, à la demande, en mode 100% électrique, en ville par exemple, sans se soucier de l’autonomie.
Mais ça, c’était avant… Avant que les nouvelles normes WLTP (Wolrdwide harmonized Light vehicles Test Procedure) ne viennent remplacer les NEDC (New European Driving Cycle). Ce qui change? Dans cette nouvelle méthode de mesure, l’effet de la batterie entièrement chargée est moins pris en considération. Le test WLTP impose en effet plusieurs cycles de mesure. Lors du premier, la batterie étant entièrement chargée, le véhicule peut fonctionner majoritairement en mode 100% électrique. Mais lors des suivants, au fur et à mesure de la décharge, la voiture fait de plus en plus appel au moteur thermique. D’où l’augmentation des émissions, dont la valeur est calculée selon le rapport autonomie électrique/autonomie totale.
Du coup, la plupart de ces engins passent au-delà de la fameuse barrière des 50 grammes d’émissions par kilomètre. Et perdent, du même coup, le droit à l’obtention de bonus (ou à l’exemption de malus) en tant que «véhicules à très bas taux d’émissions». Un coup dur pour des véhicules que les constructeurs destinaient… à faire diminuer le taux de rejet de CO2 de leurs gammes.
Le résultat a été immédiat: sur les marchés européens, Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz et Porsche ont immédiatement stoppé les ventes de certains de leurs modèles d’hybrides plug-in. La Passat GTE (numéro 2 des ventes de plug-in en Europe) et la Golf GTE (numéro 4) de VW ont ainsi disparu du catalogue. Officiellement, chez VW, on attend le mois de juillet prochain pour réévaluer la Passat, date à laquelle la voiture devait recevoir des améliorations. Pour la Golf, en revanche, aucune date de retour potentiel n’a été articulée.
Quelles améliorations apporter? Essentiellement une plus grande batterie, ce qui devrait permettre aux versions plug-in se retrouver à nouveau admises dans la catégorie leur permettant de décrocher le fameux rabais accordé aux voitures peu polluantes. La question pour les constructeurs étant maintenant de savoir s’il est économiquement profitable de modifier les voitures produites. Clairement dit: peut-on mettre une plus grosse batterie et réaliser néanmoins une marge suffisante pour moins de 3000 euros?
Le porte-parole de VW explique clairement la position du groupe: «Il y a des priorités en ce qui concerne les nouvelles procédures de test et les hybrides plug-in n’en font pas partie. Nous allons nous concentrer en premier lieu sur les voitures à grand volume de vente.» C’est que l’affaire est urgente: selon un article de nos collègues de Reuters datant du 30 août, la moitié des modèles de la marque ne satisferaient pas aux nouvelles normes de mesure!
Porsche rencontre le même problème: sa Panamera plug-in qui, soit dit en passant, représente 69% des ventes de nouvelles Panamera en Europe et son Cayenne plug-in sont dans la même situation. «Nous n’accepterons pas de nouvelles commandes tant que les voitures améliorées ne sont en production» a affirmé un porte-parole, sans fixer de date précise.
Chez Mercedes, plus d’hybrides rechargeables disponible non plus. Mais on parle d’un délai de deux mois, au terme duquel des Classe S et Classe E plug-in à moins de 50g/km seront à nouveau disponibles. Pour la Classe C, en revanche, il faudra patienter jusqu’à l’an prochain.
BMW aussi travaille à adapter sa gamme d’hybrides rechargeables aux normes WLTP. Pour l’instant, seule la 530e parvient à un résultat inférieur à 50g/km. Le minivan 225xe Active Tourer peut encore être commandé, mais il ne réussit que 57g/km, ce qui le prive de bonus. Pour l’année prochaine, BMW promet une nouvelle version xDrive 45e plug-in de son gros SUV X5, capable de parcourir 80 km en mode 100% électrique, (contre seulement 31km avec le modèle actuel) et qui n’émettra que 49g/km.
Chez Volvo, dont le Crossover XC60 hybride rechargeable est classé numéro 3 des ventes de plug-in en Europe, on vend toujours des plug-in, munis de la certification WLTP. Mais leurs valeurs d’émissions dépassent les fameux 50g/km.
Le seul constructeur qui garde le sourire? Mitsubishi! Non seulement son Outlander plug-in est classé numéro un des ventes d’hybrides rechargeables mais, WLTP ou pas, la valeur d’émissions de son nouveau modèle est top: 46 g/km, certifiés WLTP! De quoi assurer à cet engin, mû par un moteur 2,4 l essence (contre 2,0 l auparavant) et une batterie de 13,8 kW (contre 12 kW auparavant) le droit aux primes d’incitation et le droit de circuler dans toutes les zones «basses émissions» d’Europe. De quoi faire sérieusement tousser la concurrence…