Rarement l’appellation «Touring» aura aussi bien collé à une voiture qu’à la nouvelle déclinaison des modèles 718 de Porsche. Une Cayman et un Boxster taillés pour la route. Et le plaisir
Une cité en forme de joyau, nichée au cœur de l’Andalousie. À Séville, tout a une saveur particulière: l’ombre fraîche des jardins du palais de l’Alcazar, le sable brûlant de la plus grande «Plaza de Toros» d’Espagne, le parfum des orangers qui servent ici d’arbres «de rue»… La vieille ville est un entrelacs de petites ruelles si étroites qu’on ne peut y croiser. C’est dans ce dédale de sens uniques qu’au petit matin un ronron sonore s’éveille: celui d’une cohorte de Cayman et de Boxster colorés qui arborent tous, sur leurs flancs, la lettre T, comme Touring.
Point de départ d’une escapade de rêve qui va nous mener d’Andalousie en… Andalousie, en passant par l’Extremadure, de Séville à Séville, avec une escale à Aracena, au terme de deux jours et d’un peu plus de 800 kilomètres d’autoroute et de route, d’interminables rectilignes et de petits virages serrés en enfilade.
Un «road trip» de rêve qui nous aura permis de tester de fond en comble ce concentré de plaisir de conduire qu’est la déclinaison «T» de la Cayman et du Boxster. Les «petites» Porsche qui n’ont plus rien à envier aux grandes.
Faisons taire, d’emblée, les puristes qui hurlent à la trahison: oui, le moteur quatre cylindres turbo n’a pas la noblesse du six cylindres à plat. Mais quelle élégante façon, pour Porsche, de résoudre le problème de ces «petites» pestes qui venaient faire de plus en plus d’ombre à sa majesté 911. À elle le «flat six» et la tradition, aux jeunes l’insolence et le brio du moteur central. Non, la 718 n’a pas la même prestance que la 911. Mais oui, le plaisir de conduire est intact, malgré le chant artificiellement modulé du bloc quatre cylindres. C’est dit.
Pour le reste, il faut se pencher sur le travail d’artiste que les ingénieurs de Zuffenhausen ont effectué sur les 718 de base. Avec la gamme T, ils ont surtout retravaillé le châssis, qu’ils ont rendu plus exclusif avec la version PASM sport rabaissée de 20 mm, la suspension active PADM, le contrôle du Torque Vectoring, un différentiel mécanique arrière et l’adjonction du pack Sport Chrono avec le PSM Sport. Pour propulser tout ça, le moteur 2.0 litres de 300 chevaux avec fonction Dynamic Bost s’avère parfaitement à la hauteur, qu’il soit couplé à une boîte PDK à double embrayage et sept rapports en option, comme c’était le cas sur notre cabrio Cayman «lava orange» du premier jour, ou de la boîte manuelle à six rapports standard montée de série au équipait notre coupé Boxster rouge de la seconde journée de roulage.
L’ensemble est incroyablement homogène et permet de prendre du plaisir tant à se glisser hors de Séville que de tracer sur l’autoroute, plein est, en direction de Lora del Rio. Mais, on vous l’avoue volontiers, c’est ensuite, sur les superbes routes andalouses qui montent vers Cazalla de la Sierra puis, de là, serpentent jusqu’à Aracena en passant par l’Extremadure, qu’on a le plus goûté aux joies du pilotage de ce formidable accélérateur de particuliers.
Littéralement vissée à la route, répondant à la moindre sollicitation de l’accélérateur, la 718 se place en courbe avec une facilité déconcertante et reste rivée à la trajectoire quelle que soit la vitesse. De quoi vous donner l’impression que vous conduisez comme un pilote. Précise, agile, sûre et «facile», elle semble n’avoir été imaginée que pour vous faire plaisir. Et quand, sous le merveilleux soleil andalou, ce plaisir se conjugue avec les senteurs de la forêt et le chant des oiseaux, c’est le nirvâna total. On baigne en pleine euphorie automobilistique. Jusqu’à ce qu’on croise… une porcherie. Le «jamon» des tapas est à ce prix.
Tantôt conducteur, tantôt passager, on se régale des paysages qui défilent, on admire les haciendas à la silhouette mauresque, les petits villages blancs accrochés à flanc de colline, les troupeaux de vaches, de moutons et de «toros», les églises et les palmiers qui donnent aux villes que l’on croise des petits airs de Californie mâtinée d’Afrique du Nord. Le tout dans des parfums qui se mélangent, dans ce printemps naissant où l’Andalousie est encore très verte. Sublime. Un plaisir d’autant plus grand que, malgré la sportivité de la voiture, le confort d’assise est épatant. Et pour peu que, comme nous, vous ayez pris la peine d’emmener des vêtements assez chauds, un foulard et un casquette, le petit matin frisquet ne vous empêche pas de jouir de tous ces petits bonheurs capote rabattue.
Un dernier commentaire? On ne se refait pas: la boîte PDK a beau être fabuleuse, on vous avoue avoir adoré le fait que Porsche ait pensé que c’était une bonne idée de produire une version manuelle de sa 718 T. Même si il n’était pas «décapsulable» comme le Cayman, pour profiter du beau soleil andalou, on vous avoue avoir préféré, du coup, le coupé…
Fiches techniques
https://www.porsche.com/swiss/fr/models/718/718-t-models/718-cayman-t/featuresandspecs/