Elle sera dévoilée au prochain salon GIMS de Genève, du 7 au 17 mars prochain. Mais Autofocus.news a déjà pu découvrir les secrets de la eHonda…
C’était il y a quelques jours, dans un lieu «secret» proche de Stuttgart. À quelques kilomètres des centres névralgiques de Porsche et de Mercedes, Honda avait amené, dans un camion spécial, le précieux et unique prototype qui sera exposé dès la semaine prochaine sur le stand de la marque à Palexpo. Un engin révolutionnaire puisque, pour la première fois de son histoire, la firme japonaise s’est décidée à franchir le pas de la propulsion 100% électrique.
À cette occasion, Autofocus.news a pu discuter avec Kohei Hitomi, le «papa» de cet engin extraordinaire. Voici cet entretien:
Autofocus.news: Hitomi-san, pourquoi avoir décidé de limiter l’autonomie de votre voiture à 200 km?
Kohei Hitomi, chef du projet eHonda au sein du département Recherche et Développement: C’est une question de priorités. Selon nous, un véhicule électrique a avant tout sa place en milieu urbain. Nous avons donc fait beaucoup de recherches, nous avons visité beaucoup de villes, y compris en Europe, et nous en sommes arrivés à la conclusion que le facteur le plus important, c’était la taille de la voiture. Nous savons qu’il y a actuellement une tendance, surtout en Europe, à vouloir absolument augmenter l’autonomie des véhicules électriques, parce que les utilisateurs sont toujours inquiets à propos du niveau de charge qu’il leur reste. Or si nous avions voulu augmenter l’autonomie, nous aurions dû agrandir les batteries et, donc, la voiture. Du coup nous y aurions perdu en agilité, en maniabilité et en poids. Sans oublier que la voiture aurait logiquement été plus chère, aussi. Donc nous avons gardé cette autonomie de 200 km qui, nous sommes convaincus, est largement suffisante pour une utilisation de notre véhicule en ville.
Avez-vous prévu un modèle avec des batteries plus grandes?
On ne peut pas préjuger de la réponse des clients, donc on ne peut pas affirmer maintenant que oui, ou non, nous allons faire différentes tailles de batteries dans le futur. Mais, pour l’instant, le véhicule n’est prévu qu’avec ces spécifications-là.
Vous parlez de «urban commuter» (véhicule pendulaire urbain), mais vous avez choisi un mode propulsion arrière, vous avez équipé votre concept de pneus sportifs: est-ce à dire que vous visez plutôt le «urban racer» (sportive de ville)?
(Rire) C’est vrai que c’est une Honda et que, dans l’ADN de chaque Honda, il y a un peu l’esprit de la compétition. Et si nous fabriquons une voiture électrique, nous voulons évidemment qu’elle soit unique en son genre. Mais non, rassurez-vous. Si nous avons opté pour une propulsion, c’est parce que ce mode est le plus approprié. D’abord, parce qu’un véhicule électrique fournit toute sa puissance dès le démarrage et que la propulsion est la meilleure solution technique existante pour faire passer cette puissance au sol. Ensuite, parce que placer le moteur à l’arrière permet d’obtenir plus d’agilité, d’améliorer le braquage.
Vous avez choisi des suspensions de type quatre roues indépendantes, pourquoi?
Ce n’est définitivement pas une voiture de course. Mais le fait est que l’architecture «électrique» nous permet beaucoup de choses. Dans cette voiture, les batteries sont situées au niveau du plancher. Elle est donc assez lourde. La suspension indépendante était celle qui nous offrait les meilleures possibilités au vu des dimensions de la voiture et des contraintes techniques. Du coup, nous n’avons pas eu besoin de les faire trop dures. Nous avons pu soigner le confort, sans pour autant sacrifier la tenue de route.
La puissance?
Nous ne dévoilons aucune donnée technique, puisque la voiture est encore en développement. Le moteur sera, disons, suffisant… (rire) Tout ce que je peux dire, c’est que sa puissance sera aux alentours de 100 chevaux et que sont couple devrait être supérieur à 300 Nm.
Vous dites que la voiture est en développement. À quel point ce concept est-il proche de la voiture de série qui est supposée arriver sur le marché en 2019?
Je dirais à environ 90-95%. Il y a encore quelques petits problèmes de fine tuning à régler, ainsi que quelques questions en suspens au niveau des softwares des éléments composant le tableau de bord.
Au niveau du design, eHonda diffère assez nettement des autres modèles de votre gamme. Une façon de la distinguer encore plus?
Nous avons bien sûr souhaité faire une voiture électrique différentes des voitures habituelles. Mais aussi différente des voitures électriques de la concurrence. Nous avons logiquement opté pour un design radicalement innovant. Nous voulions un véhicule qui ait un look moderne, technologiquement avancé, unique. De par leur mode de propulsion, on peut dire que les véhicules électriques seront amenés à côtoyer les humains de plus près. Ils seront dans les villes, dans les rues ils doivent donc voir un air familier, amical. C’est un des aspects que nous avons inclus dans le cahier des charges de nos designers.
En parlant de design, celui de l’intérieur surprend complètement. On se croirait plus dans une limousine de luxe que dans une petite citadine! Le tableau de bord propose une multitude d’écrans. Que vont-ils permettre? Une connexion permanente à l’Internet? Une connexion entre différents véhicules électriques? Des étapes plus avancées de conduite autonome?
C’est sans doute dans ce domaine que le concept diffère le plus de la voiture de série. Nous ne sommes pas en mesure de dire ce qu’il sera possible d’embarquer à bord de la voiture de série, parce que cela va encore évoluer d’ici au lancement. Mais une chose est certaine: la plateforme sera évolutive. Et on pourra y ajouter des services, des applications et des programmes au fur et à mesure que ceux-ci seront imaginés et développés. Et on «mettra à jour» sa voiture, comme on le fait aujourd’hui avec son smartphone. Les possibilités sont infinies…
Ces designs inédits, tant intérieur qu’extérieur, sont-ils appelés à être appliqués aux modèles «normaux» de votre marque?
Pas en tant que tels. Encore une fois, nous voulions que notre premier modèle électrique soit vraiment spécial. Mais, vu qu’il y a eu une somme de travail, de recherche et de développement assez incroyable pour arriver à ce résultat, y compris au niveau du design, il n’est pas exclu que l’une ou l’autre solution ne soit pas réutilisée, plus tard, ailleurs, sur un autre modèle. Parce que la ligne directrice derrière le design de ce concept, c’est «comment donner aux éléments un aspect simple». Comment, par exemple, «cacher» des fonctions en les regroupants dans un même fond.
Et ces nombreux écrans qui font comme une «barre d’information» sur toute la largeur de la voiture?
Comme vous avez pu le voir, nous avons joui d’une totale liberté en tant que designers. Le résultat est évidemment assez «avancé». Et il faudra voir comment le marché réagit à une telle créativité. Il faudra vérifier aussi à quel point tout ceci est pratique, et facile à utiliser ou pas. Si les clients l’acceptent, trouve cela fonctionnel, alors nous pourrons nous poser la question de savoir comment l’introduire sur le marché.
Et les caméras qui remplacent les rétroviseurs latéraux?
Oui, ça, c’est une caractéristique définitive. La voiture de série sera bel et bien équipée de caméras qui renvoient les informations sur des écrans inclinés, comme des rétroviseurs classiques, et situés aux extrémités, de part et d’autre du tableau de bord. Ce showcar a été conçu après le développement du projet donc cette caractéristique existait déjà et elle est définitive.
Et le nom?
Là, en revanche, rien de définitif. «eHonda» est juste le nom du concept. Ce ne sera sans doute pas le nom du modèle de série, non…
Bravo Philippe, tu nous fait redécouvrir Honda sous haute tension, qui replace l’innovation au centre de son ADN!
j’ai hâte de découvrir cette nouvelle Honda-e au salon de l’auto
Cher Philippe – très interessant ton article sur cette « eHonda ». Elle m’intéresse beaucoup et me réjouis de la découvrir aux journées presse du prochain GIMS et d’avoir le plaisir de t’y croiser. Bravo à autofocus news toujours passionnant pour un passionné d’automobile de te lire. MHO