Pour le groupe allemand aucun doute, le futur est électrique. Non seulement, ça permet de faire oublier le scandale du diesel mais, en plus, c’est tellement tendance. Revers de la médaille: ça va coûter cher
Le Volkswagen Group n’en finit plus de vouloir rendre plus blanc que blanc son joli complet de constructeur mondial de pointe, méchamment entaché de suie de diesel sale. Enfin, quand on dit blanc… C’est plutôt de vert qu’il faudrait parler. Le vert de ces voitures du futur que l’on nous vante propres, silencieuse et écologiques. Des arguments qui en font tousser plus d’un, mais ceci est un autre débat…
En attendant, VW a tendance à se prendre pour Philips, ou pour Jura: fini la combustion interne, place à l’électrique! Machine à café, TV , toaster ou auto même combat: branchez la prise et admirez… C’est bien simple: hier à Dresde, par la voix de son responsable de la mobilité électrique Thomas Ulbrich, le directoire a annoncé qu’il entendait mettre sur le marché près de 10 millions de véhicules branchés, sur la base de sa nouvelle plateforme dédiée MEB. Et le créateur de la Coccinelle a même fixé une date butoir à laquelle une première grande offensive devra avoir déployé tous ses effets: fin 2022. Les objectifs de ladite première vague sont ambitieux: vendre 150 000 véhicules électriques, dont 100 000 ID.
D’ici là, c’est-à-dire demain, les électriciens et électroniciens vont remplacer les ingénieurs motoristes. VW prévoit en effet de lancer pas moins de 27 premiers modèles reposant sur cette fameuse plateforme MEB. A commencer par la ID, dont la production doit commencer, sur les lignes de production de Zwickau, à la fin de l’année prochaine déjà.
Ca, c’est pour la parade, torse bombé, dans le grand concert des constructeurs européens qui s’attaquent au bastion de Tesla, toujours en délicatesse avec les livraisons de son modèle 3 (pour la petite histoire, après des problèmes de fabrication, Elon Musk invoque maintenant des souci de logistiques pour justifier les retards monstrueux pris par le programme Model 3, fin de l’aparté…). Mais en coulisses, la grande marche conquérante est un peu moins optimiste. Vouloir jouer les cadors du 220 volts c’est bien, mais ça a un prix. Et ce prix, contrairement au courant, n’est pas alternatif mais bien continu. Voir exponentiel!
Pour pouvoir assouvir ses ambitions, VW a déjà investi des sommes colossales. On parle de près de 7 milliards, dont 1,5 a déjà été englouti par les usines spécialisées de Braunschweig, Salzgitter et Kassel. Et plus les choses avancent, plus les coûts semblent devoir être revus à la hausse.
Dame! Fournir au moins une version électrifiée de chacun de ses 300 modèles représente vite un montant colossal quand on possède 5 marques concernées prioritairement par le programme (Audi, Porsche, Seat, Skoda et VW) et que chacune propose un catalogue long comme un jour sans pain. Dans une première étude, VW estimait ainsi le coût global du passage à l’électrique à environ 23 milliards. Aujourd’hui, le nouveau CEO Herbert Diess laisse entendre que ce montant ne sera pas suffisant…
«La charge pour notre compagnie, incluant le passage à l’électrique, sera plus lourde que prévue. C’est d’autant plus probable que nos concurrents, eux aussi, font de grands progrès dans le domaine» a déclaré Diess dans le journal interne de l’entreprise. Le terme «réduction des coûts» risque fort de résonner souvent lors des «Sitzungen» à venir du côté de Wolfsburg. Parce que pour investir de façon si massive, il va bien falloir commencer par économiser! Sans oublier le budget «scandale des moteurs truqués»…
Et le problème est aussi global que récurrent au sein de l’industrie. Ainsi Mercedes-Benz, dont les ambitions sont un rien plus modestes (10 modèles 100% électriques «seulement» d’ici 2022 parle déjà d’un budget de 10 milliards d’euros.
La bonne nouvelle? Depuis la signature d’un accord avec les syndicats en 2016, VW commence à retirer des bénéfices de ses premiers efforts de restrictions et de réorganisation interne. Cette embellie, VW le doit à sa marque éponyme, dont le bénéfice d’exploitation représentent près d’un tiers du total, à 4,1% des ventes l’an dernier contre 1,8%. Pas de quoi faire sourire Herbert Diess: «Nous avons besoin de plus gros bénéfices pour financer notre futur! 4% c’est un minimum. 5 à 6% nous permettraient quelques investissements dans le futur. Et avec 7 à 8% nous pourrions dire que nous serions prêts à affronter la crise».
Le Volkswagen Group s’est ainsi fixé un objectif de bénéfice d’exploitation ambitieux, atteignant 8% des ventes d’ici à 2025, ce qui correspond à peu près à la marge de progression enregistrés l’an passé. Pour la marque VW, l’objectif annoncé est d’au moins 6% d’ici là.