Après les caissières des grands magasins, les postiers au guichet, les téléxistes, les laborantins photo ou les… journalistes, les vendeurs de voitures seront-ils les prochaines victimes de l’informatisation?
Acheter une voiture? Facile: on va dans un garage et… Eh non! Les showrooms c’est fini! Enfin presque. C’est du moins l’avis de Ford qui, devant l’érosion de son chiffre d’affaire en Europe a décidé de bousculer les vieux schémas. Après deux premier essais infructueux, en 1999 puis en 2010, Ford Motor a décidé de relancer la vente online en Angleterre. Et compte bien étendre le processus à tous les marchés européens.
L’analyse qui a amené le constructeur à cette conclusion est simple: de la même façon que les grands Salons de l’Auto semblent ne plus vraiment attirer les jeunes, il lui paraît contre-productif et bien trop dispendieux de continuer à bâtir ou à transformer et entretenir de grands espaces d’expositions où d’importantes quantités de voitures «dorment» en attendant le client. D’où l’idée de lancer www.buy-ford.uk. Un espace où le client peut déterminer son budget, estimer le prix de revente de sa voiture actuelle, choisir et configurer sa nouvelle Ford avant de signer un «contrat d’achat personnel» digitalisé. Le tout en ligne et avec un minimum de frais à la charge de Ford. Si ce n’est ceux nécessaires à… entretenir sa plateforme online.
On l’a dit, Ford avait déjà tenté l’expérience deux fois. Pourquoi celle-ci serait-elle couronnée de succès? «Nous étions, à l’époque, trop en avance sur notre temps. Mais une génération a passé et les mentalités ont largement évolué», explique un porte-parole de Ford UK. Vrai que, vu comme ça, le processus à l’air attractif. D’autant que Ford se charge ensuite de livrer votre nouvelle voiture à votre adresse, tout en se chargeant, avec l’aide d’une société spécialisée, de revendre votre ancien véhicule. Et, si vous le souhaitez, la compagnie organise même une course d’essai à bord de la future voiture de vos rêves.
Le choix du marché anglais n’est pas une surprise: c’est là que Ford réalise le tiers de ses ventes en Europe! Alors même s’il ne s’est pas fixé de réel objectif commercial, il est évident que le constructeur va analyser de près le résultat de ce test avec, dans l’idée, le projet de l’étendre assez rapidement au reste du Vieux Continent.
Et pour mettre toutes les chances de son côté, Ford a fait coïncider le lancement de son site à l’ouverture d’un nouveau… showroom à Manchester. Antinomique? Que nenni: ledit showroom est situé dans le centre commercial Arndale à Manchester. Loin du look d’un garage traditionnel, il offre la possibilité de tester cinq modèles différents mais les ventes s’y font via la plateforme online, au moyen d’écrans interactifs.
Ce «Ford store» est exploité par Rockar, une entreprise spécialisée qui a déjà ouvert, sur le principe des «Apple stores», des surfaces de vente incluses dans des galeries marchandes et où des conseillers de ventes vous aident à choisir la couleur de la carrosserie, la textures des sièges ou le type de boîte de vitesses comme d’autres vous conseillent sur la quantité de mémoire disponible, la qualité de l’appareil photo où la résolution de l’écran d’un smartphone.
Ford rejoint donc Hyundai et Land Rover, également séduits par cette nouvelle forme de vente au Royaume-Uni.
Mais l’Américain n’est pas le seul: Opel a tenté l’expérience avec CAYU (Car for You) à Stuttgart, en Allemagne, et à Brescia, en Italie. Le concept est similaire: un «store», des avantages financiers sous forme de rabais par rapport au prix en garage, une garantie de 6 ans (3 ans de services gratuits), une livraison garantie dans les deux semaines, une livraison à la maison et même une garantie de 30 jours satisfait ou remboursé. Et à Brescia, les acheteurs potentiels n’ont pas droit qu’à des conseillers de vente, mais également à l’assistance de Cayuki, un petit robot humanoïde…
Le garage traditionnel a-t-il du souci à se faire? Affaire à suivre.