Alfa Romeo Stelvio En matière de voitures, on parle de Supercars quand on commence à voler trop bas plutôt que rouler très vite. Le Quadrifoglio introduit cette notion chez les SUV.
Imaginez une route de montagne, une montée de col alpin, avec ses lacets serrés, ses épingles à 180 degrés et sa pente prononcée. Imaginez-vous au volant d’un véhicule puissant, sportif et particulièrement bien «assis» sur la route. Pour compléter le tableau, imaginez-vous ladite route fermée au trafic, avec la possibilité d’exploiter l’entier de la chaussée pour vous faire une idée précise du véhicule que vous êtes en train d’essayer.
Vous démarrez. Le chant du moteur envahit l’habitacle. D’une pression sur la palette, vous enclenchez le premier rapport d’une boîte automatique, mais que vous avez choisi d’actionner manuellement, pour vraiment faire répondre l’engin à la moindre de vos volontés. Vous avez, évidemment, sélectionné le mode «dynamique», celui qui fait réagir plus directement la pédale d’accélérateur, durcit le châssis et paramètre au plus serré les assistants de conduite.
L’engin frémit, s’élance. D’entrée, vous appréciez la direction directe et le sentiment d’être confortablement calé dans un siège qui, en plus, offre un maintien latéral nettement supérieur à la moyenne.
Déjà, le premier virage vous saute au pare-brise. Un léger freinage, pour transférer le poids sur l’avant, une descente de rapport, une légère correction du volant… Le virage arrive, passe, on commence à réaccélérer pour la sortie. Avec une facilité frisant l’insolence, votre voiture se rue en avant. Vous montez un, puis deux rapports, qui passent avec une joyeuse exubérance sonore accompagnée de claquements sonores de l’échappement.
Tout au long de la montée, le jeu va se répéter. Avec des freinages nettement plus appuyés à l’entrée des épingles à 180 degrés, des accélérations débridées et des trajectoires au cordeau. À l’arrivée, un constat: cette automobile est une authentique sportive. Une de celles taillées avec la performance en point de mire, conçue pour chasser le chrono et faire tomber les records. Pourtant, il y a quelques détails qui «coincent»…
D’abord, il y a nettement plus d’«accessoires» dédiés au confort que dans une sportive radicale. ensuite, le confort global est très éloigné des «tapeculs» de course. Enfin, la position de conduite n’a rien à voir avec celles de ces «barquettes» plantées au ras du bitume dont il faut mille et une contorsions pour s’extraire. Normal: vous êtes dans un… SUV!
Oui, oui, vous avez bien lu: un SUV. Un de ces engins à cheval entre le monde de la limousine et celui du tout-terrain, que les acheteurs de véhicules modernes plébiscitent au-delà de tout bon sens. Mais ce SUV-là n’est pas un SUV comme les autres. C’est «le SUV le plus rapide du monde» comme se plaisent à l’appeler ses concepteurs de chez Alfa Romeo. Vrai que, avec ses 510 (!) chevaux, sa traction intégrale et ses fabuleuses qualités dynamiques, le Stelvio Quadrifoglio a fait claquer un temps incroyable sur la fameuse piste du Nürburgring. Un exploit certes respectable mais qui n’a qu’une portée limitée puisque c’est… le seul SUV à avoir osé aller s’y risquer.
Reste qu’il est allé. Et que si Alfa a osé, c’est que ses ingénieurs étaient sûrs de la qualité de leur travail. Ils ont eu raison! La route n’était pas celle d’un col alpin, mais la montée d’un équivalent aux Émirats Arabes Unis: Jebel Jais, pas très loin de Dubai. Et seule une portion de ladite route était fermée au trafic. Mais on vous l’avoue, jamais encore on avait eu une telle impression de sportivité sauvage au volant d’un SUV! Bien sûr, il y a quelques adversaires, allemands ou anglais qui, en version Turbo ou Sport, offrent des performances incroyables eu égard à leur gabarit. Mais jamais encore on avait atteint un tel degré d’équilibre, de finesse de conduite, de stabilité en courbe rapide, un tel sentiment de «légèreté» et d’harmonie générale. Pour faire court, Le Stelvio Quadrifoglio reprend toutes les qualités de la redoutable Giulia Quadrifoglio, en lui rajoutant les atouts d’une transmission intégrale et en gommant, du coup, le côté brutal extrême d’une Giulia qui exige de sérieuses compétences de pilotes pour ne pas devenir dangereuse une fois ses assistants désactivés.
Ce «SuperSUV» a été pensé pour aller vite et il le fait redoutablement bien. Mais ce n’est pourtant qu’une facette de sa personnalité. Parce qu’on oubliant le mode «Race» et en se montrant un rien plus circonspect avec l’accélérateur, on va se retrouver au volant d’un engin luxueux, confortable et tout à fait à même d’emmener une famille en vacances sans lui fusiller le dos avec des suspensions trop rigides ou lui exploser les tympans avec une insonorisation bas de gamme. Alors oui, cette petite merveille offre bien deux (voire trois, en comptant son aspect «déménageuse» vus sa modularité et son grand coffre…) véhicules en un. Mais on l’admet volontiers, c’est sans conteste son côté bête de course et la qualité magistrale de ses performances qui ont le plus épaté. La polyvalence on connaissait déjà, avec le Stelvio… normal.